Rêve d’automne – création 2016

Mis en scène par Olivier Chapelet

L’histoire

Un homme seul est assis sur un banc dans un cimetière sous une pluie d’automne. Une femme le rejoint. Ils se reconnaissent, se parlent, s’enlacent, évoquent un passé commun. Que viennent-ils faire, eux, les vivants, dans ce temple des morts ? Quelle sont les réalités de ce passé et de ce présent dont ils parlent avec émotion ?

Puis entrent la mère de cet homme, son père et son ex-femme, tous en deuil, dans l’imminence d’une cérémonie funèbre. Et dans ce temps suspendu les échan-ges se tendent à l’évocation du passé de l’homme que chacun voit à sa façon : son divorce, son fils abandonné, son travail, ses choix de vie, l’enterrement de sa grand-mère, celui de son père auquel il n’est pas venu…

Dans quel temps sommes-nous donc avec ces personnages qui le bousculent, le renversent, le mettent en pièce ? Cet homme autour de qui tout converge, vers qui les regards et les propos sont braqués, est-il dans le passé ou dans le présent, dans le réel ou dans les mémoires ?

C’est la force poignante de ce texte que de nous laisser face à ces interrogations. Même si je gage qu’à la fin chaque spectateur pourra résoudre le sens et quitter le théâtre en serrant contre lui une vérité en partage, comme si, malgré le tourbillon de l’écriture, Jon Fosse arrivait à ses fins en nous livrant l’énigme de cette histoire simple.

L’amour et la mort sont au creux de ce texte, dont l’émotion vertigineuse parviendra avec d’autant plus de force que l’on acceptera de s’y perdre, de lâcher prise avec le réel, pour se laisser emporter dans les dédales d’une vie racontée dans le désordre, comme sont en désordre les souvenirs que l’on garde d’un être cher qui n’est plus.

Olivier Chapelet – septembre 2015

 

La distribution

Avec :

L’homme : Fred Cacheux
La femme : Aude Koegler
La mère : Françoise Lervy
Le père : Jean Lorrain
Gry : Blanche Giraud-Beauregardt

Texte : Jon Fosse
Mise en scène : Olivier Chapelet
Scénographie : Emmanuelle Bischoff
Costumes : Elsa Poulie

Lumières : Stéphane Wolffer
Musique : Olivier Fuchs
Régie générale : Olivier Songy
Construction : La Machinerie
Administration : Vinca Schiffmann

 

La ligne artistique

Le théâtre de Jon Fosse ne se lit pas, il se joue. La partition qu’il livre, avec ses didascalies souvent incontournables, prend corps définitivement sur la scène, alors qu’à la lecture il peut arriver qu’elle questionne. Les mots répétés, les phrases heurtées, courtes, non terminées, les silences parfois longs, les indications de jeu sont autant d’éléments qui décuplent leur force dans l’incarnation des personnages, dans la chair des comédiens, dans le concret de leur corps en mouvement. On peut dire que son écriture est véritablement, intimement, profondément théâtrale car elle n’est pensée que pour le plateau, qui la révèle et lui donne sa puissance. C’est pourquoi il ne sert à rien de vouloir l’enrichir d’autres artifices que ceux que l’auteur semble nous proposer : un espace figurant un cimetière, un temps linéaire dans lequel s’égrainent les entrées et sorties en faisant fi de la chronologie des faits, des personnages qui se parlent avec douceur ou violence au gré des sentiments qui les traversent. Suivre la partition quand elle est si millimétrée est déjà un défi, étudier ensuite comment les instruments du théâtre peuvent la servir au mieux sera l’étape suivante. Au premier rang de ces instruments, ils me pardonneront cette trivialité, il y a les cinq comédiens, leur silhouette, leur voix, leur intelligence sensible et la grande maîtrise de leur art. C’est avant tout à travers eux que passera le théâtre, comme j’ai toujours pensé qu’il fallait qu’il passe. Ils porteront la charge de donner corps aux mots par leur simple présence, leurs regards échangés, la force de leurs relations, dans ce lieu simple décrit par l’auteur et qui, par sa réalité concrète, viendra heurter l’irréalité du temps de la narration. Je trouve très intéressant ce rapport entre un espace réaliste et une situation onirique ou fantasmée : il permet, comme le dit Pierre Reverdy, de créer puissance émotive et réalité poétique.

Plus j’avance dans mon métier plus je comprends qu’au théâtre la simplicité est le chemin le plus court et le plus difficile pour résoudre au plateau la question du sens, et pour servir un grand texte. Il n’y aurait donc rien à faire de plus que suivre les pas de l’auteur? En ce qui concerne le théâtre de Jon Fosse, comme c’était le cas précédemment avec la pièce de Jean Racine (Bérénice, 2014-2017), je veux avoir l’audace de répondre : NON !

Olivier Chapelet – septembre 2015

 

L’auteur Jon Fosse

portrait de Jon Fosse

« Je comprends si peu de choses. Et à mesure que les années passent j’en comprends de moins en moins. Cela est vrai. Mais le contraire est également vrai, à mesure que les années passent je comprends de plus en plus de choses. Oui, il est également vrai qu’à mesure que les années passent je comprends beaucoup de choses, tant de choses que j’en suis presque effrayé. Le fait est que je suis découragé devant le peu de choses que je comprends et presque effrayé devant la masse de choses que je comprends. Comment se fait-il que les deux puissent être vrais, que je puisse à la fois comprendre de moins en moins et de plus en plus ?
[…] Après avoir écrit un certain nombre d’écrits théoriques, j’ai progressivement abandonné cette forme d’écriture au profit désormais presque exclusif d’un langage qui n’est pas en premier lieu concerné par la signification, mais qui avant tout est, qui est lui-même, un peu comme les pierres et les arbres et les dieux et les hommes, et qui ne signifie qu’en second lieu. Et à travers ce langage qui d’abord est, et qui ensuite seulement signifie, il me semble comprendre de plus en plus, alors qu’à travers le langage ordinaire, celui qui d’abord signifie, je comprends de moins en moins. »

Jon Fosse est né en 1959 à Hausgesund en Norvège. Egalement auteur de romans, essais, poèmes et livres pour enfants, il est surtout connu en France pour ses pièces de théâtre. Il a reçu en 1996 le prix Ibsen pour Le Nom.

Le Nom, 1995
Quelqu’un va venir, 1996
L’enfant, 1997
Et la nuit chante, 1998

Rêve d’automne, 1999
Hiver, 2000
Variations sur la mort, 2001
Ylajali, 2009

Les dates

2016

Du 15 au 20 novembre au TAPS à Strasbourg
Les 24 et 25 novembre à la Comédie de l’Est à Colmar
Le 29 novembre à l’ESpace Culturel de Vendenheim
Le 1er décembre à l’Espace Bernard-Marie Koltès à Metz

2017

Le 17 janvier à l’Espace Athic à Obernai
Du 21 au 25 novembre au TAPS Scala

2019

Le 26 janvier à l’Espace 110, à Illzach
Le 26 février au Théâtre-Maison d’Elsa, à Jarny
Le 19 mars à l’Espace Ried Brun à Muntzenheim
Le 11 avril au Théâtre du Passage, à Neuchâtel

Photos

 

Soutiens

Production OC&CO
Coproduction : Ville de Strasbourg et Comédie de l’Est CDN de Colmar
Avec le soutien de la DRAC Alsace- Champagne-Ardenne-Lorraine, de la Région Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine, du Conseil Départemental du Bas-Rhin, de la Spédidam

Le dossier complet au format A4

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