Le Gardien des Ames, de Pierre Kretz – création 2011

Mis en scène par Olivier Chapelet

L’histoire

L’Histoire façonne-t-elle nos destinées ? C’est la question centrale de ce récit poignant et drôle. Un homme décide de s’enfermer dans la cave de la maison de ses ancêtres afin d’y retrouver ses racines. Il nous entraîne dans les méandres d’un siècle et demi d’histoire européenne marquée par les conflits, au cœur d’une Alsace ballotée entre deux pays. Dans une scénographie ciselée par la lumière, ce personnage ouvre la porte d’un questionnement intime et universel. Sur le plateau, ses pensées prennent la forme onirique d’un dialogue ardent où se répondent l’image de cinéma et le théâtre.

Le Gardien des Âmes est édité à la Nuée Bleue

 

La distribution

Avec :
Francis Freyburger

Texte et traduction dialectale : Pierre Kretz
Mise en scène : Olivier Chapelet
Scénographie : Emmanuelle Bischoff
Images : Gontran Froehly
Lumières : Stéphane Wolffer
Musique : Olivier Fuchs
Costumes : Mechthild Freyburger
Régie générale et son : Olivier Songy
Régie lumière et vidéo : Stéphane Wolffer/ Camille Flavignard
Administration : Vinca Schiffmann

 

La ligne artistique

La création d’un spectacle est toujours une histoire de rencontres : un texte, un auteur, un comédien, un évènement, l’intuition d’une forme sont des points de départ essentiels du lancement d’un projet.

Je suis arrivé au Gardien des Âmes par des chemins détournés… Il y eut à l’origine la proposition que j’avais faite à Francis Freyburger d’adapter pour lui Requiem des Innocents, premier et puissant roman de Louis Calaferte, et d’en faire réaliser une version en alsacien afin de proposer pour la saison 2010-2011 des Taps un spectacle en dialecte qui soit différent de ses expressions classiques. Ce projet correspondait aussi à mon désir d’une forme légère sur un thème fédérateur susceptible d’aller au contact d’un public populaire, davantage que ne l’avaient été mes précédentes productions.

C’est quelques semaines plus tard que Francis Freybuger m’a parlé du Gardien des Âmes, dont il avait lu des extraits en public à l’occasion de la sortie du livre. Pierre Kretz, son auteur, en avait alors évoqué une possible adaptation, tant l’oralité de son récit lui était apparu propice à une expression scénique.

De fil en aiguille, j’ai rencontré Pierre Kretz, lu et apprécié son livre, et six mois plus tard il est venu au Taps Scala voir Il y a des anges qui dansent sur le lac. Ainsi, par ces échanges en forme de connaissance et de reconnaissance, est né le désir de partir ensemble à l’aventure.

Né à Marseille, parisien à sept ans, mes liens avec l’Alsace remontent à mon installation inattendue à Strasbourg en 1996. J’ai découvert sur le tard cette région si particulière, n’ayant aucun égal tant est fort son particularisme intimement lié à son histoire mouvementée. Entendre les caissières du Mammouth du Baggersee converser en dialecte me paraissait à l’époque tellement irréel que j’avais l’impression d’habiter une lointaine province jadis rattachée à la France… J’ai compris depuis lors les enjeux, les courants, les souffrances, les fiertés que l’histoire a brassés sur cette rive du Rhin. J’ai compris aussi la remarque virile qu’un alsacien m’avait adressée quand, à l’âge de vingt ans, je voulus lui montrer mon érudition linguistique en répondant en allemand à l’une de ses questions : « Nous ne sommes pas allemands, Monsieur, nous sommes français ! » avait-il asséné en tournant les talons, me laissant la désagréable impression d’être passé à côté de quelque chose !

L’histoire du Gardien des Âmes, cet original réfugié dans sa cave et y cherchant ses racines, sa force et son identité m’a profondément touché. Elle me rapprochait d’une certaine forme de misère humaine que relatait Calaferte dans son roman, l’humour et la dérision en plus. Elle m’offrait aussi l’occasion de mettre à nouveau un auteur vivant à l’honneur, et de poursuivre mon parcours de metteur en scène au service d’une écriture d’aujourd’hui.

Sur la forme, mon travail s’inscrira dans la lignée de mes précédentes créations : une certaine épure au service de l’imaginaire du spectateur. La collaboration fidèle avec Emmanuelle Bischoff (scénographie), Gontran Froehly (images), Olivier Fuchs (son) et Gerdi Nehlig (lumières) va nous permettre de creuser encore le sillon de la rencontre entre l’image filmée et la scène, parallèlement à la poursuite d’une réflexion sur les possibilités offertes par la sonorisation de la voix, qu’elle soit enregistrée ou amplifiée en directe. Loin de tout réalisme, nous allons partir ensemble à la recherche d’une nouvelle alchimie scénique, qui nous permette de faire de ce récit la matière qui trouve, dans le théâtre, la justification de son expression.

Olivier Chapelet, 24 juin 2010

 

L’auteur Pierre Kretz

 » Je suis venu à l’écriture par le théâtre dialectal. Car dans les temps qui ont suivi mai 68, la langue maternelle d’une majorité de jeunes Alsaciens était encore le dialecte. A travers l’écriture d’un théâtre dialectal contemporain j’ai voulu explorer ce que cette langue avait dans le ventre, ce qu’elle était capable de raconter sur notre région et sur le monde. Mais on ne sort pas indemne de l’acte d’écrire. Vous pensez naïvement que c’est vous qui choisissez d’écrire alors que c’est l’écriture qui s’empare de vous et ne vous lâche plus. Peu importe dès lors la langue dans laquelle vous écrivez, si vous avez la grande chance d’en avoir plusieurs dans vos valises.

Lorsque j’ai cessé d’exercer la magnifique profession d’avocat à l’âge de 50 ans, j’ai pu écrire deux romans. L’adaptation scénique de l’un deux, le Gardien des Âmes dans une mise en scène d’Olivier Chapelet, avec sur le plateau Francis Freyburger, représente pour moi une sorte de retour aux origines : à partir d’un roman, je reviens , comme par ricochet au théâtre, dont je m’étais quelque peu éloigné. Et comme la pièce sera jouée dans deux versions, une alsacienne et une française, la boucle sera complètement bouclée ! »

– 1983, D’Narrehewler, théâtre, BF Editions
– 1995, La langue perdue des Alsaciens, essai, La Nuée Bleue
– 2005, Quand j’était petit, j’étais catholique, roman, La Nuée Bleue
– 2009, Le gardien des âmes, roman, La Nuée Bleue

 

Les dates

2011

Taps Scala : du 8 au 13 mars
Espace Rohan Saverne : 5 mai
Ville de Schweighouse sur Moder : 14 mai
Relais Culturel de Wissembourg : 27 septembre
Les Tanzmatten (Sélestat) : 7 octobre
Espace culturel de Vendenheim : 27 et 28 octobre
Taps Scala : du 2 au 6 novembre
Théâtre de Bienne (Suisse) : 23 novembre
Espace Culturel Le Parc (Ribeauvillé) : 26 novembre
MAC de Bischwiller : 25 novembre

2012

Relais Culturel de Thann : 19 janvier
Avignon off au Théâtre de la Manufacture : 8 au 27 juillet

2013

Relais Culturel de Haguenau : le 15 janvier
Espace Grün de Cernay : le 18 janvier
Foyer de la Culture de Dannemarie : le 19 janvier
Espace Rhénan de Kembs : le 26 janvier
Espace Ried Brun de Munzenheim : le 29 janvier
Espace Athic à Obernai : le 1er février
Ville de Schiltigheim : le 2 février 2013
Comédie de l’Est : Colmar : les 6 et 7 mars 2013
Ville d’Offenbourg : le 14 mars 2013
Théâtre d’Aurillac : le 19 novembre 2013
Théâtre du Passage : le 28 novembre 2013
Théâtre Jacques Brel à Talange : le 13 décembre 2013

 

Article de presse

Heimsdorf sur scène

«Le Gardien des Âmes», roman de Pierre Kretz, connaît désormais une existence théâtrale inattendue qui, en français et en alsacien alternativement, aura cette année fasciné le public du Taps Scala.

La transposition était une gageure. Outre la densité d’un récit qui met en jeu une réflexion complexe, comment une scénographie et une dramaturgie pouvaient-elles rendre compte d’une voix dont on sent à la lecture vibrer le timbre singulier ? Olivier Chapelet, à qui Pierre Kretz a laissé toute latitude d’adapter et mettre en scène son œuvre, et son interprète en solo Francis Freyburger ont accompli l’improbable exploit.

Particularité alsacienne, universalité humaine

Le héros de cette évocation entre universalité humaine et particularité alsacienne, marqué par les drames dont l’Histoire a frappé les siens et coupable d’avoir, lui, échappé aux guerres, se sent investi jusqu’aux crises visionnaires de la mission de préserver le souvenir des générations d’ « âmes mortes » que risque d’oublier son village de Heimsdorf. Cloîtré dans la cave d’une vieille ferme, il s’y livre à un archivage photographique ponctué d’évocations et de méditations refaisant l’éternelle psychanalyse de l’Alsace. Jusqu’à une fin en ambiguë suspension entre projet de suicide et sereine sortie à l’air libre.

Olivier Chapelet a choisi forcément d’élaguer, notamment en éliminant les interlocuteurs, tel le cousin Daniel inquiet pour la santé mentale du reclus volontaire. Seul demeure le narrateur, d’abord ombre d’entre les morts, chuchotante comme eux, et que des effets vidéo font revivre, puis sourire tandis que se démultiplie, réelle ou enregistrée, une voix dont les accents contrastés reflètent toute la gamme des tons du roman. Concentrée sur la situation d’enfermement, l’adaptation tire celui-ci vers une gravité plus poignante, sans méconnaître l’humour et le cocasserie satirique, marque très alsacienne de Pierre Kretz.

Francis Freyburger est, de toute sa parole, de tout son corps, cette présence sur laquelle repose le spectacle, usant avec une précision sidérante de la palette des « tempéraments » dont il dispose souverainement. Le public lui fait le triomphe réservé aux grands moments. Pour peu qu’on n’ait pas lu le roman, on peut se le procurer sur place et le dévorer aussitôt. Reste à souhaiter que cette réalisation aussi aboutie et suggestive connaisse les reprises qu’elle mérite.»

Christian Fruchart
Parution du 12 mars 2011
Dernières Nouvelles d’Alsace

 

Photos et vidéo

 

 

Soutiens

Spectacle Coproduit par a Ville de Strasbourg, la Cie OC&CO avec le soutien de la DRAC ALsace, l’OLCA, la Région Alsace, le Conseil Général du Bas-Rhin, la Spédidam et l’Agence Culturelle d’Alsace…

 

Le dossier complet au format A4

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